Pour sa première rentrée en tant que maire de Poissy, Sandrine Berno Dos Santos revient sur son élection, partage sa vision du rôle de première magistrate et les priorités de la majorité engagée depuis 2020 dans le mandat du siècle.

Le dimanche 3 juillet 2022, le conseil municipal vous a élue maire de Poissy. Pouvez-vous nous dire ce que vous avez ressenti ?

D’abord une grande fierté à titre personnel, car cette élection marque l’aboutissement d’un parcours politique. C'est aussi un grand bonheur de prendre les rênes d'une équipe tellement engagée pour notre ville de Poissy. Le fait d’être la première femme maire de cette belle cité est également un signal important, d’autant plus que le mandat de maire est le plus beau à mes yeux. Une fierté aussi vis-à-vis de ma famille qui était à mes côtés ce jour-là. Il y avait également un peu de stress : je reprends la gestion d’une ville de bientôt 40 000 habitants, à la suite de Karl Olive, une personnalité très appréciée des Pisciacais et qui a tout donné pour Poissy. Il s’agit d’un gros challenge mais cela ne me fait pas peur.

"La transition avec Karl Olive s’est faite naturellement"

Vous succédez en effet à Karl Olive dont vous étiez la première adjointe. Comment s’est organisée la transition avec l’ancien maire, désormais député de la 12e circonscription ?

Jusque-là j’étais déléguée à l’urbanisme et aux finances, deux délégations importants qui me permettaient d’avoir une vue globale de la situation et notamment des différents projets menés à Poissy. Depuis huit ans avec Karl Olive, nous travaillons ensemble, nous partageons énormément. Et depuis quelques mois nous préparions la relève au cas où. La transition s’est faite assez naturellement. Avec les équipes, j’ai été associée progressivement à toutes les prises de décisions, j’ai émis des préconisations puis pris la main sur certains dossiers, y compris ceux qui ne me concernaient pas directement.

Après son élection à la députation, Karl Olive a souhaité ne pas rester au conseil municipal : il ne voulait pas être vu comme un maire bis. Cette décision m’a permis de prendre cette fonction à bras le corps, sans être dans l’ombre d’une personnalité très appréciée des Pisciacais.

Avec votre élection, les délégations du conseil municipal ont également été légèrement modifiées. Comment s’est réorganisée la majorité ?

Légèrement, c’est le bon terme. Il n’y a pas eu de bouleversements, ni au niveau des adjoints, ni au niveau des délégués. En revanche, pour mon premier adjoint, une décision très importante puisqu’il s’agit du bras droit, de la personne qui doit vous seconder quand vous n’êtes pas là, mon choix s’est porté sur Karine Conte, quelqu’un d’une compétence et d’une bienveillance extrêmes. Elle était cadre chez Renault, aux ressources humaines, et connaît donc parfaitement le management. C’est quelqu’un de très ouvert, très appréciée de ses collègues élus et de l’ensemble des agents. Ce choix était une évidence.

En tant que nouvelle maire, quelles seront vos priorités, vos principales orientations pour les années à venir ?

Ce sont celles que nous avons présentées aux Pisciacais et pour lesquelles nous avons été élus. Ma première priorité est de mettre en œuvre l’intégralité de ce programme très dense. Mais je pense qu’il existe tout de même trois axes sur lesquels nous allons devoir travailler plus particulièrement : la petite enfance et l’éducation, l’environnement et la stabilité financière.

En ce qui concerne l’éducation, deux écoles vont sortir de terre avec l’extension du groupe scolaire Robert-Fournier et un nouveau groupe scolaire dans l’EcoQuartier Rouget-de-Lisle. Nous en avons véritablement besoin pour accueillir nos nouveaux Pisciacais. Construire des écoles, cela signifie que des familles s’installent à Poissy et qu'elles y sont heureuses. A l’horizon 2025, nous accueillerons aussi un collège, toujours dans l’EcoQuartier.

La petite enfance constitue pour moi un vrai sujet car on se rend compte qu’il existe une pénurie de places en crèche et de manière plus globale d’offre pour la garde des enfants. Si nous voulons accueillir correctement les nouveaux habitants, il faut absolument que nous puissions leur fournir toute l’aide logistique dont ils ont besoin. C’est donc une priorité d’ouvrir de nouvelles crèches, en fonction des quartiers, et d’offrir de nouveaux modes de garde. Ou, à tout le moins que nous puissions leur proposer des solutions alternatives. Je suis mère de famille, je sais à quel point les enfants, quel que soit leur âge, sont une priorité.

"Il y a trois axes sur lesquels nous devons travailler particulièrement : la petite enfance et l’éducation, l’environnement et la stabilité financière."

L’environnement constitue notre deuxième priorité. Mais pas le green washing que l’on voit souvent. Je souhaite mener des projets structurants, notamment pour réduire notre empreinte carbone, afin que Poissy soit écoresponsable dans le sens noble du terme. II s’agit d’une nécessité au vu du dérèglement climatique, comme on a pu le constater avec les fortes chaleurs cet été qui sont sans doute amenées à se répéter. Il faut impérativement réfléchir à des solutions pour ne pas se retrouver dans des situations compliquées dans les années à venir.

L’une des pistes consiste à favoriser les mobilités douces : nous aurons le tramway d’ici quelques années. Même si sa construction engendrera quelques désagréments, il s’agit d’une opportunité extraordinaire pour les Pisciacais de bénéficier de ces trois arrêts en ville.

Nous souhaitons aussi faciliter l’usage du vélo, ce qui ne signifie pas tracer une bande blanche par terre et mettre les gens en danger. Il faudra des pistes cyclables sécurisées. Une commission s’est mise en place pour réfléchir sur cette problématique. Dans quelques mois, nous serons en mesure de présenter des préconisations, tout ça avec l’aide du Codees (Conseil de développement environnemental, économique et social), qui est précurseur en la matière.

"L'objectif est de ne pas augmenter la pression fiscale"

La troisième priorité, qui n’est pas la moindre, c’est la gestion de nos finances. Le budget a été voté en avril et pourtant des dépassements apparaissent déjà : les fluides (gaz, électricité) à hauteur de 1,2 million ; l’augmentation du point d’indice 3,5%, une très belle chose pour les agents, qui représente 800 000€ de plus sur notre masse salariale ; la restauration scolaire, qui va connaître une hausse d’un million d’euros. Avec ces trois exemples, nous sommes déjà à trois millions supplémentaires par rapport au budget primitif.

L’objectif, comme nous l’avons fait depuis 2014, est de ne pas augmenter la pression fiscale sur les ménages car la situation s’avère déjà compliquée pour eux. Nous devons donc trouver d’autres solutions. Cela peut passer par de nouvelles économies même si nous avons déjà beaucoup travaillé dans ce domaine (25% de baisse de charges sur le mandat 2014-2020). Ça peut aussi être de réfléchir sur le financement de certains services qui ne sont pas essentiels. Concrètement, d’aller vers un utilisateur payeur. Quand, sur des prestations qui ne sont pas essentielles il y a des taux d’effort de 80%, c’est-à-dire, que le coût est supporté à 80% par la collectivité, il y a sans doute des choses à revoir. C’est pour cela que nous avons lancé depuis un an un grand travail de fond sur les tarifications même s’il ne s’agit encore que de pistes. Après, il n’y a pas de miracle, quand il n’y a pas d’argent qui rentre, il faut faire en sorte qu’il ne sorte pas. Je vais gérer la ville comme Karl Olive le faisait avant moi, en bonne mère de famille.

Première adjointe à l’urbanisme et aux finances pendant 8 ans, vous resterez certainement particulièrement attentive au suivi de sujets structurants : l’EcoQuartier Rouget-de-Lisle, la Pointe Robespierre, le budget…

Ce sont mes bébés, on n’abandonne pas ses bébés. Patrick Meunier me succède comme adjoint à l’urbanisme. J’ai toute confiance en lui. En tant que maire, je resterai concernée par ces sujets et par d’autres comme le nouveau conservatoire, la passerelle piétons -cyclistes vers Carrières-sous-Poissy, le Training Center du PSG ou encore l’extension de l’école Fournier.

Les notions de terrain et de proximité qui sont au cœur de l’action municipale resteront une boussole pour votre majorité ?

Bien sûr, il s’agit même une évidence. Ce qui rend le mandat de maire si intéressant, c’est que nous sommes au contact des gens. Si c’est pour rester enfermée dans mon bureau, ne rien voir, être hors sol, ça ne sert à rien. Pour savoir ce que veulent les Pisciacais, il faut être sur le terrain. Nous écoutons, nous essayons d’apporter des solutions, ce qui ne signifie pas "dire oui à tout". Mais quand on ne peut pas, on explique pourquoi.

Dans la même logique, les réunions publiques vont elles aussi continuer : il s’agit d’un moment de proximité avec les habitants qu’on ne voit pas forcément sur les marchés, qui peuvent nous faire remonter des informations et des remarques. Nous nous déplacerons dans les quartiers à intervalle régulier. Et quand nous serons interpellés sur un sujet nous tâcherons de trouver une solution immédiatement ou en alertant les services pour que ce soit réglé dans les meilleurs délais.

"Pour savoir ce que veulent les Pisciacais, il faut être sur le terrain"

Vous avez été élue Conseillère régionale en 2021 sur la liste de la présidente Valérie Pécresse. En quoi est-ce important pour le maire de Poissy de siéger dans l’instance régionale ?

C’est important car la Région comme le Département sont des partenaires pour nos projets. Ils nous apportent leur expertise mais aussi des financements. Le fait d’avoir des élus dans ces deux instances nous permet d’avoir une visibilité et un potentiel d’actions que nous n’aurions pas si nous n’y siégions pas. Sans eux, un certain nombre de projets ne pourraient pas voir le jour comme la rénovation de la cité scolaire Le Corbusier ou les infrastructures de transports. 

Vous avez également été élue 2e vice-présidente de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise en juillet. Quel rôle entendez-vous jouer au sein de l’intercommunalité ?

Je suis déléguée au tourisme : je trouve qu’il s’agit d’un très beau rôle car le tourisme participe à l’attractivité, au développement, permet de générer des revenus. La communauté urbaine est elle aussi un partenaire privilégié qui nous accompagne sur de nombreux sujets et nous apporte son expertise, par exemple sur la rénovation urbaine de Beauregard.

Quand on fait le récapitulatif, vous avez sur Poissy des élus à l'Assemblée nationale, au conseil départemental, au conseil régional, à la communauté urbaine. Autant d’instances qui peuvent nous aider dans nos projets. Nous avons de la chance, très peu de villes sont aussi bien représentées à tous ces niveaux.

Prendre ces fonctions a certainement nécessité une réorganisation importante de votre emploi du temps ?

Jusqu’à présent et aujourd’hui encore, je suis cheffe d’entreprise. J’ai une société spécialisée dans la gestion du poste client. Quand j’étais première adjointe je pouvais encore me partager entre ma société et la mairie, aujourd’hui ce ne sera plus possible. Je ne le découvre pas, donc j’ai pris mes dispositions en faisant monter en compétence certains de mes collaborateurs pour qu’ils puissent travailler en autonomie. C’est un choix car on ne peut pas être cheffe d’entreprise et maire à temps plein. On peut faire mal les deux, ou bien un des deux. Moi j’ai choisi d’exercer pleinement mon mandat de maire.

"J’ai choisi d’exercer pleinement mon mandat de maire"

C’est l’heure de la reprise en ce mois de septembre 2022. Comment se présente la rentrée à Poissy ?

Heureusement nous n’attendons pas le dernier moment pour la préparer. Nous anticipons grâce au travail des services. Il y aura sans doute quelques surprises de dernière minute comme d’habitude mais cela se présente bien. Avec mes collègues élus nous serons présents le jour J sur place, pour nous assurer que tout se passe bien dans les écoles. Nous serons aussi attentifs à la distribution des pochettes scolaires, une des spécificités de notre ville, qui mettent les enfants sur un même pied d’égalité.

Dans les mois qui viennent, certains projets vont entrer dans le vif du sujet. Je pense notamment au nouveau conservatoire dont le projet et l’architecte ont été choisis au printemps dernier, au Training Center du PSG qui avance très vite, au tramway dont les travaux vont bientôt démarrer.

Des événements se succèderont tout au long du mois de septembre, à commencer par le forum des associations le 4 septembre, témoin de la très riche vie associative pisciacaise. Je tiens d’ailleurs à remercier tous les bénévoles qui font eux aussi vivre Poissy.

Le week-end suivant, nous aurons la grande joie de recevoir une trentaine d’élus de notre ville jumelée de Pirmasens qui nous ont tant manqués. Nous allons réfléchir à ce que ce jumelage puisse concerner le maximum de Pisciacais, même si cela existe déjà entre établissements scolaires et associations.

Cette rentrée sera aussi marquée par de nombreux rendez-vous culturels avec le lancement de la saison du théâtre qui affiche déjà un taux de remplissage important. Pour la deuxième année, nous aurons le plaisir d’accueillir L’Estival, un magnifique événement avec des artistes de haute volée.

Madame le maire, les Pisciacais ne vous connaissent pas encore forcément tous très bien. Que pouvez-vous nous dire de vous, de votre parcours ?

C’est vrai que je suis assez discrète, je ne suis pas une grande communicante, au grand dam de mes collaborateurs. Je suis née à Rueil et je suis arrivée sur Poissy en 1999, le jour de la grande tempête ! Les premiers temps ont été plutôt compliqués, notamment au niveau des transports, car je venais d’une ville de la petite couronne. Puis très vite je me suis rendu compte de tout ce qu’offrait la ville comme possibilités. Des gens agréables à vivre, énormément de choses à faire. Aujourd’hui je ne quitterais Poissy pour rien au monde. Je suis maman d’une jeune fille de 15 ans qui rentre au lycée cette année. Sur le plan professionnel, après des études de droit, j’ai créé ma société il y a 20 ans. 

Je suis arrivée en politique via le sujet de l’école Vanpoulle : je n’étais pas opposée à une école, la preuve nous sommes en train d’en construire deux. Mais avec certaines personnes du quartier, nous estimions que les choses n’étaient pas faites de manière intelligente. C’est comme ça que nous avons rencontré Karl Olive qui n’était pas encore maire, puis que j’ai rejoint sa liste pour les élections municipales de 2014.

Jusque-là, je n’étais pas vraiment intéressée par la politique car ma société me prenait beaucoup de temps. J’essayais de vivre au mieux ma ville en étant inscrite dans des associations, en pratiquant du sport, en allant au théâtre, au cinéma, en consommant local, car c’est important pour moi, surtout que nous avons la chance d’avoir sur Poissy un panel de commerçants de qualité extrêmement varié. Quand Karl Olive m’a proposée de le rejoindre, je me suis dit « pourquoi pas » : Poissy m’a accueillie, je suis très bien dans cette ville. J’ai trouvé normal de rendre la pareille et de m’investir dans cette cité, de plus en plus au fil des années car c’est quelque chose que j’ai adoré. Jusqu’à aujourd’hui où je prends la tête de la ville. Mais cela ne signifie pas travailler seule : il y a une équipe autour de moi, avec des gens extrêmement compétents. C’est en équipe que nous prenons les décisions, en restant toujours à l’écoute des Pisciacais.

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