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Portrait
Sandrine Felquin, de "Yamakasi" aux palmes académiques
La principale du collège des Grands Champs a reçu cet été les palmes académiques : une distinction récompensant son action dans l’établissement pisciacais et qui couronne une carrière pourtant peu académique.
Une frustration terrible nourrit parfois une volonté de fer et de faire. Pour Sandrine Felquin, la fracture de ses deux poignets à 17 ans alors qu’elle était gymnaste de haut niveau marque un tournant et le début d’un parcours bien peu académique dans le monde de l’enseignement : « Je vivais à fond ma passion, se souvient celle qui est devenue principale du collège des Grands Champs en 2018. J’ai été plus que frustrée quand tout s’est arrêté et c’est pour ça qu’encore aujourd’hui je suis très vigilante quand une passion s’arrête pour un enfant. Dans mon cas, les études sont devenues un refuge et je suis devenue une excellente élève. » A 20 ans, elle devient conseillère principale d‘éducation mais prend très vite une autre direction après sa rencontre avec un groupe de cascadeurs : « Grâce à mes années de gymnastique, ils ont vu que j’avais le niveau et j’ai commencé à travailler avec eux. Puis j’ai été embarqué par Cyril Raffaelli pour un clip. » La suite, c’est une dizaine d’année passée à arpenter les plateaux de cinéma, de télévision ou de publicité en tant que cascadeuse : Yamakasi, La Mémoire dans la peau, Le juge est une femme…
Pas de crainte de l’inconnu
A 33 ans, elle met fin à cette deuxième vie : « On vieillit plus vite dans ces métiers-là », souffle Sandrine Felquin. Elle décide alors de reprendre les études à Sciences Po pour préparer le concours d’entrée à l’École nationale d’administration (ENA), avant de renoncer : « J’étais persuadée de vouloir le faire mais je me suis rendue compte que j’avais plus besoin d’être sur le terrain », constate celle qui affirme ne pas « avoir de crainte de l’inconnu. Ça ne me dérange pas de bouger, d’essayer de nouvelle choses ». Nouvelle illustration en 2007 : enceinte, elle passe le concours de chef d’établissement et démarre son nouveau travail, à Beaumont-sur-Oise, avec un enfant de trois mois. En 2018, elle arrive, presque par hasard au collège des Grands Champs, alors qu’elle ne connaît ni la ville, ni l’établissement. « Mon fils Gavril joue au PSG, et s’entraîne au Camp des Loges. Je cherchais donc à nous rapprocher. » Les débuts sont « compliqués. On repartait de zéro, avec une nouvelle équipe administrative. Mais les professeurs ont toujours été investis, à l’écoute des élèves. Aujourd’hui, la situation me semble apaisée. » La multiplication des actions y est certainement pour quelque chose. Des projets autour du sport, la citoyenneté, l’égalité homme/femme, le théâtre, le développement durable, le secourisme ont vu le jour. Et depuis la rentrée 2021, Les Grands Champs ont intégré le réseau Cités éducatives ce qui permet de développer de nouveaux programmes dans le cinéma ou avec le conservatoire. « Les élèves tirent profit de cette offre éducative riche, pense Sandrine Felquin. On ne le voit pas forcément immédiatement en termes de résultats scolaires mais sur l’attitude, le climat scolaire, les changements sont indéniables. Mais je sais que tout reste fragile. »
Cet été, la principale a reçu les palmes académiques : une distinction quelle voit comme « une reconnaissance de l’investissement des équipes sans qui je ne saurai rien faire. Et plus personnellement, ça a une résonance particulière : il s’agit de ma première médaille depuis mes années de gymnastes ». La boucle est bouclée.
Thomas Noblat, de l'auto-édition à la librairie du Pincerais
Le 27 novembre, Thomas Noblat sera à la librairie du Pincerais. Non pas comme un client qu’il est d’ordinaire mais en tant qu’auteur. Le Pisciacais y dédicacera ses ouvrages “Les Armes de la Folie“, “Le Projet Met-Al“ et “Prêts à tout“ que les lecteurs peuvent trouver en vente dans la boutique : « Faire une dédicace au Pincerais, c’est génial, sourit ce papa de trois enfants. J’y ai acheté des tonnes de livres alors y voir les miens, c’est incroyable. »
Ses livres, auto-édités, racontent les aventures de Simon Critchley, qui vit lui aussi à Poissy : « A travers ses enquêtes j’aborde successivement les attentats de novembre 2015, le nucléaire et le poids et la place des pesticides en France, détaille Thomas Noblat. Mais je ne voulais pas seulement écrire des livres policiers : j’attache beaucoup d’importance aux personnages, aux liens entre eux, à leurs réactions, aux rebondissements, aux intrigues secondaires. »
De formation scientifique, cet inspecteur de l’environnement s’est construit sa propre méthode pour écrire : « J’imagine l’intrigue mais la fin ne vient pas tout de suite. Je cherche des solutions, certaines ne me conviennent pas et je recommence. Puis une fois l’histoire en place, je passe à la phase d’écriture proprement dite. » Au fil des livres, le néo-auteur affine le style : « Il y a une évolution je pense. Aujourd’hui j’écris plus naturellement, j’ai sans doute plus confiance et j’assume le fait d’avoir envie d’écrire. »
Une envie qu’il continue de suivre puisqu’un 4e tome est en cours et pourrait être terminé le 27 novembre pour la dédicace au Pincerais.
Bac mention très bien en poche, Rose accélère encore
La Pisciacaise Rose-Rebecca Nassar a obtenu son bac avec une moyenne de 18,61, mention très bien et félicitations du jury. Toujours décidée à devenir pédiatre, la jeune fille de 18 ans tient une cadence encore plus effrénée aujourd’hui.
Il y a trois ans, la rédaction du Pisciacais échangeait avec Rose-Rebecca Nassar après sa performance au brevet. L’élève de Notre-Dame de Poissy avait engrangé 800 points sur 800. Depuis, deux choses ont changé. Le Pisciacais est devenu #Poissy et le grand sourire de Rose est souvent dissimulé derrière un masque. Pour le reste, la jeune fille de 18 ans est toujours aussi brillante et travailleuse.
En juillet dernier, l’élève du lycée Saint-Érembert (Saint-Germain-en-Laye), a décroché son bac avec 18,61 de moyenne, mention très bien et félicitations du jury. Le tout en préparant déjà la suite. Rose, qui rêve toujours de devenir pédiatre, occupait son temps libre par 3 heures de piano par semaine et l’étude de la génétique.
Cet été, dix jours au Liban, d’où sont originaires ses parents lui ont permis de souffler en compagnie des siens et de délicieux plats maison.
« J’étudie de 9h à 23h »
Désormais à l’Université de Paris en Parcours accès santé spécifique (Pass), elle a dû encore aménager son planning : « Je dors 8h chaque nuit, puis j’étudie de 9h à 23h. Je déjeune le midi et me repose le samedi soir, puis grasse mat’ le dimanche matin ». Passionnée, la jeune Pisciacaise tient le coup. « Ce que nous apprennent les professeurs, c’est génial », confie-t-elle des étoiles plein les yeux. Et pour tenir le rythme, Rose a emménagé dans une chambre de 10m2 à Paris et rentre seulement le week-end à Poissy.
Sa maman a mis son activité professionnelle entre parenthèses et enchaîne les allers-retours pour soutenir sa fille avec notamment de bons petits mezzés libanais. Mais avant de reprendre une assiette de falafels, Rose a chimie et biologie moléculaire au menu cet après-midi. Un esprit sain dans un corps sain.
Thierry Jaillant, toujours les maux pour rire
Publié en avril dernier, le dernier roman de Thierry Jaillant, « Mouche pas… c’est moi », connaît un joli succès. Rencontre avec ce Pisciacais toujours aussi bosseur et pétillant malgré la maladie qui le ronge.
Fauteuil roulant customisé Harley Davidson, boucle d’oreille, veste noire, humour décapant et passants qui l’abordent toutes les deux minutes. Pas évident d’intégrer que Thierry Jaillant souffre de la maladie de Charcot-Marie-Tooth depuis 1998. Le corps médical, d’ailleurs, peine également à le croire : « Les médecins sont déconcertés quand ils voient mes analyses aussi négatives ».
Et pourtant, derrière le large sourire se cache de terribles souffrances : « Je sens de moins en moins mon corps. Je suis enfermé dans une carcasse. Les muscles partent, je pars. Mais je vis dans le déni le plus total de la maladie. Le travail est un traitement antidouleurs. »
En effet, son état de santé, l’homme de 57 ans l’évoque très succinctement, préférant parler de ce qu’il réalise. Et il y a de quoi faire. Celui qui fut un pionnier de la micro-informatique dans les années 80, puis pianiste de renom, intronisé dans le « Who’s Who des professionnels » à Los Angeles en 2001, enchaîne désormais les livres.
« J’ai rencontré mes personnages »
Lâché par sa main gauche en 2003 en plein concert à Londres, à l’aube d’une grande tournée, le Pisciacais a rapidement repris le rythme. Ses mains notamment n’ont pas beaucoup de répit. Il a ainsi troqué piano et moto contre pinceau, guitare et stylo. En 2005, il raconte ses rendez-vous médicaux dans un carnet, qui se transforme en autobiographie. Quelques années plus tard, des amies l’envoient à une maison d’édition qui publie « Enfer… Et contre tous » en 2018. « L’écriture est quelque chose d’assez nouveau pour moi. Je ne suis pas un écrivain, je raconte simplement des histoires », confie Thierry Jaillant qui a tout de même suivi des cours d’écriture de scénarios durant trois ans.
En 2020, il sort un premier roman « Mes amis, mon amour… que d’emmerdes ». Après avoir pris note des critiques, il enchaîne avec « Mouche pas… c’est moi », publié en avril dernier aux éditions Saint Honoré : « C’est une aventure humaine, avec un langage moins parlé cette fois-ci. » On y retrouve plusieurs personnages truculents du premier roman. « Les gens les trouvent parfois trop extravagants mais je les ai rencontrés, ils existent vraiment et ils sont ainsi », se défend Thierry Jaillant. Et il maîtrise particulièrement bien l’un d’entre eux : le personnage principal, Max Haubar, dit « le biker », dont le destin a été bouleversé par un accident de moto. Un personnage aux deux vies, à l’instar de son créateur.
« Si je ne rigole pas, je recommence »
Nouveau style, scénario bien ficelé, vécu mais aussi une grosse dose d’humour parmi les ingrédients : « Les gens sont moroses en ce moment, je veux écrire des livres distrayants. C’est un polar humoristique. Je rentre dans mon histoire, je rigole de mes bêtises et si je ne rigole pas, je recommence le chapitre. » Et la recette plaît. Le livre de 492 pages se retrouve mis en avant par la Fnac et Cultura.
Ce stakhanoviste « se réjouit d’avoir passé un cap et d’être lu ». Mais pas question pour autant de se reposer sur ses lauriers. Thierry Jaillant, réveillé chaque matin à 7h, peint énormément, « avec des pinceaux de chez Bricorama, qu’il ébouriffe pour un rendu 17e, 18e siècle », joue de la guitare 30 minutes par jour pour endiguer le raidissement de ses doigts, et son troisième roman dont il a déjà écrit la moitié et dans lequel « il ose un truc assez fou », est attendu en début d’année prochaine.
Nicolas Barrault, un Pisciacais dans le grand monde du vin
Le Pisciacais Nicolas Barrault a participé les 1er et 2 octobre au championnat du monde de dégustation de vin à l’aveugle sous les couleurs de l’équipe de France.
Quand il s’est inscrit pour la première fois à un club d’œnologie en 2008, Nicolas Barrault n’imaginait pas participer au championnat du monde de dégustation de vin à l’aveugle les 1er et 2 octobre 2021. « Je viens d’une famille de gastronome et d’amateur de vin, précise celui dont les parents sont de Saint-Germain-en-Laye. A l’époque, j’appréciais le vin mais je ne m’y connaissais pas vraiment. Alors je me suis rendu au Musée du Vin qui organise des cours de dégustation, d’abord pour découvrir et apprendre à apprécier le vin, pour discuter avec des spécialistes. » Très vite, l’univers viticole séduit le Pisciacais : « On y découvre tellement de choses. Comment tenir correctement un verre, à quelle température boire tel ou tel vin, quand le carafer… », énumère-t-il. Mais l’essentiel, évidemment, reste la dégustation, avec ses trois étapes, l’examen visuel, l’examen olfactif et l’examen gustatif, sans boire évidemment. Au sein du musée du Vin puis du club d’œnologie de Chambourcy, une fois par mois, Nicolas Barrault découvre le vin différemment : « On nous apprend à placer notre goût, à mettre des mots sur ce qu’on ressent, explique-t-il. On ne peut pas tout connaître mais on peut progresser constamment, surtout avec des professeurs comme Pascal Piednoir. »
Vice-champion de France en 2021
C’est au contact de cette référence de l’œnologie que Nicolas Barrault va s’initier en 2020 à la dégustation à l’aveugle, au sein du club Vignyfica de Voisins-le-Bretonneux. « Quand j’ai débuté, je n’avais pas dans l’idée de me lancer dans la compétition, assure l’informaticien de métier. Je souhaitais me perfectionner dans la connaissance des vins en apprenant une autre méthode qui fonctionne en quelque sorte à l’inverse de la dégustation traditionnelle. Il faut s’entraîner très régulièrement car on perd très rapidement la mémoire des goûts. »
Cet été, Nicolas Barrault a franchi un nouveau cap en participant, avec son équipe de Vignyfica, au championnat de France de dégustation l’aveugle au château de Pennautier le 3 juillet. En terminant 2es derrière une équipe belge, après une compétition très serrée, les Français se sont qualifiés pour les championnats du monde.
Une compétition qui s’est déroulée le week-end dernier dans le cadre prestigieux du Palais des Papes d’Avignon. Avec ses coéquipiers, Nicolas Barrault a tenté de reconnaître à l’aveugle 12 vins du monde à travers leurs caractéristiques : pays producteur, cépage principal, appellation, domaine et millésime. « Comme pour le championnat de France, chacun prend des notes, nous échangeons et le capitaine décide en dernier ressort, détaille Nicolas Barrault. Tout l’été, nous nous sommes entraînés une fois par semaine sur un thème précis (un cépage, un pays). »
Une vingtaine de pays étaient représentés à Avignon parmi lesquels la Suède, la Belgique, l’Espagne et la Chine, déjà sacrés par le passé. Double championne du monde en titre, la France a terminé à la 6ème place d’une édition 2021 remportée par la Hongrie devant la Belgique et l’Espagne.
Joël Picard, apôtre du circuit court sur le marché de Poissy
Maraîcher sur le marché de Poissy depuis 2010, Joël Picard est un ardent défenseur du circuit court. À l’occasion de la Semaine européenne du développement durable, rencontre avec ce Gargenvillois qui a délaissé Rungis pour mieux se consacrer aux papilles des Pisciacais.
La Semaine européenne du développement durable peut se célébrer de diverses manières. Faire ses emplettes au marché de Poissy en est une excellente. « Tomates, aubergines, courgettes, … tout le frais a été ramassé hier, on le retrouve sur les étals ce matin et dans l’assiette dans une heure », se félicite Joël Picard. En réalité, il n’y a plus grand-chose à se mettre sous la dent ce midi sur le stand de cette figure du marché. Comme quasiment à chaque fois, le maraîcher a été dévalisé. « Le dimanche je repars à vide, le vendredi c’est presque la même chose et le mardi on n’en est pas loin non plus », savoure le Gargenvillois présent sur la cité saint Louis depuis 2010.
Un vendeur textile placé à une vingtaine de mètres se réjouit des ponctuelles et toutes relatives baisses d’affluence qui lui permettent de ne pas voir son stand bouché par l’interminable file d’attente et d’aller s’offrir les derniers œufs encore disponibles. Car en plus des fruits et légumes, l’homme de 59 ans propose à chacune de ses apparitions 200 œufs pondus le matin même et écoulés en quelques heures.
Des produits frais et originaux
Celui qui compte 50 hectares au total, dont le nectar sur l’île de Gargenville, possède également 25 bovins. Mais si le stand de Joël Picard est tout indiqué pour trouver des produits fraîchement récoltés et originaux comme les aubergines longues « qui partent comme des petits pains », pas la trace d’une brique de lait ou d’une tranche de jambon : « J’ai des bovins simplement pour le fumier, c’est plus naturel. »
Un fumier qui lui a valu quelques surprises : « La première année, j’arrivais avec des tomates de 1kg, j’ai la main plus légère maintenant ». Et des bovins qui lui jouent quelques tours : « Hier soir, je terminais de charger le camion quand un voisin m’a appelé pour me dire que quatre de mes vaches étaient de sortie. Ce midi, il en manque toujours une à l’appel. »
« Le contact direct avec le consommateur, un vrai plaisir »
Mais avant de poursuivre son cache-cache, Joël Picard se concentre sur les derniers de ses quelque 300 clients qui affluent à chaque fois. « Le contact direct avec le consommateur, un vrai plaisir », pour celui qui s’est formé au métier d’électro-diéséliste puis s’est lancé comme maraîcher en 2001 à la veille de ses 40 ans, notamment à Rungis. Exit désormais la vente en gros. Ses clients les plus conséquents à Poissy sont les restaurants Le Mouton blanc « qui récupère notamment chaque semaine 100kg de pommes de terre et des carottes » et La Bonne planque « dont le chef vient régulièrement fouiller ici pour composer sa carte ».
De quoi copieusement égayer les 115 heures de travail hebdomadaires de Joël Picard, qui propose également ses produits à Mantes-la-Jolie ainsi qu’à Verneuil-sur-Seine et a seulement coupé deux jours dans le Lot cet été.
Après avoir soufflé ses 60 bougies en octobre, il devrait toutefois rapidement lever le pied : « Je peux partir à la retraite en janvier. Ma femme rouspète parce que je ne remplis pas les papiers. Elle pense que je ne veux pas arrêter. » Difficile de contredire Valérie Picard tant son mari affiche enthousiasme et larges sourires en compagnie de ses clients. Et ceux de Poissy, où sa grand-mère également maraîchère venait à cheval depuis Bougival dès les années 40, sont veinards car le marché de la cité Saint-Louis sera le seul qu’il compte poursuivre à compter de 2022. Le réveil n’a pas fini de sonner tôt pour Joël Picard et les Pisciacais.